Construction de l'Azuchi

Azuchi en terre, pour remplacer celui en paille

Après de nombreuses discussions le kkplo a décidé de profiter des travaux de réfection obligatoire des poteau de l'azuchi (en train de pourrir), pour pousser plus loin la chansonnette:

Premier accord: on en profite pour mettre le sol de niveau

Tierce: on élève le niveau du sol.

Harmonie: on fume la paille et on met notre grain de sable...

En conséquence, les archers qui auront le plaisir de venir tirer quelques flèches au Kyudo Kaï de Plan-les Ouates, Genève à partir de mars 2006, s'équiperont du traditionnel chiffon utilisé pour nettoyer ses flèches avant de les ranger. Le dojo veillant à doter l'azuchi d'un chiffon accordé au temps du jour, que les yatori n'oublieront pas d'utiliser généreusement.


Mais, quel chantier !

Je passe sur les difficiles négociations, les diverses théories sur la composition idéale du sable et les non moins nombreux déplacement pour aller goûter les variétés de sable (et oui, on vieillit aussi au kkplo!).

On lance des emails partout, on discute avec ceux qui ont l'expérience du travail de l'azuchi et on prend peur lorsque Iguy et Myriam nous expliquent leur opération de renouvellement de l'azuchi (5 cibles) du dojo d'Iijima sensei (en centre sportif à Tokyo). Le problème est que la procédure nécessite une journée de labeur d'une dizaine d'archer décidés pour tamiser le sable et lui incorporer une savante proportion de sciure (une truelle pour les quelques pelles). La sciure étant réputée conserver l'humidité et est donc utile pour faciliter la tenue du sable (rappelons que bien qu'il fasse très humide, il fait aussi très chaud au japon, en été). Il faut en plus défaire la butte et la remonter et encore faire une procédure spéciale au niveau des emplacement des cibles. Enfin l'usine à gaz, et sûrement de quoi décourager nos petits effectifs. 8-9 m3 de sable = environ 15 T de matière à manipuler à la pelle.

Un peu déprimés face à ces travaux d'Hercules, on réfléchi alors un peu plus à ce qu'est un tas de sable et ce qui fait qu'il tienne ou pas. De nos contacts avec les nombreuses sablières locales (merci le Rhône & les alluvions), il apparaît que le sable d'usage courrant est en fait le résultat de diverses opération de criblage de matières brute (issues de mines ou de rivières). Chaque criblage étant associé à l'eau afin de faciliter l'évacuation (sinon les tamis se bouchent). Le résidus ultime, le limon, est le résultat du séchage des boues résiduelles; une version gris foncées issues d'une sablerie de Passy (vers Chamonix Mont Blanc - France) nous a intéressé un moment pour sa teinte, mais nous avons eu peur qu'en période très sèche on se retrouve avec une tempête de sable en poudre au moindre coup de bise. D'évidence, plus le grain est fin plus un tas tient de lui-même. Mais le procédé de criblage à l'eau semble enlever "le gluon" du grain de sable, ce qui nuit à sa tenue naturelle.

 Une autre option (la solution finalement retenue) est donc de s'orienter vers du sable brut, fin et non lavé. Il s'agit d'une variété de sable qui semble issue telle quelle, d'un gisement en terre, sur la commune de Sezegnin, canton de Genève.

Des pierres rondes de diamètre variables (1 cm à 10 cm) sont présentes dans ce sable (et devront être séparées), mais la tenue semble très prometteuse. La teinte se rapproche à celle du sable qui compose l'azuchi de la Mecque du Kyudo à Meiji-jingu dans le parc de Yoyogi à Tokyo et surtout la tenue, sans additif, est la meilleure (après le limon gris). On fait donc le pari de la qualité du sable brut Genevois (tout en envisageant les systèmes automatisé pour vaporiser de l'eau en fonction du taux d'humidité du tas, mais bien que le kyudoka genevois ait une petite tendance high-tech, on n'en est pas encore là...

Charles nous afait parvenir un descriptifs de l'azuchi d'Hiroshima ou il était partit cet automne, s'essayer au renshi.:

Nous voilà fin prêt pour l'aventure de l'azuchi.


On se fend encore de quelques dessin & autres croquis pour essayer de faire comprendre notre projet à l'entreprise. Le financement solde nos économies de ces dernières années et est bouclé avec une aide accordée par la mairie. L'appel d'offre est envoyé et une société locale sélectionnée.

Voici l'azuchi tel qu'il était encore en 2005:

Au début des fondations, après avoir donné notre paille au poney club de PLO:

 

Pour le mur monte, le yamichi s'égalise (de dos aussi: )

 

On en profite pour automatiser le retour des flèche avec des yatori mécaniques:

 

Au 2 mars, on butte sur la préparation de la butte (en fait on a passé cette étape, mais on a enlisé le camion qui venait décharger le sable, et maintenant il neige, alors suite au prochain épisode...


On n'y croyais plus trop, mais c'est arrivé: notre entreprise a réussi à sortir le camion et ses 6 m3 de sable, à le tamiser suffisamment pour que les cailloux le plus gros disparaissent et à livrer une partie avant que le terrain d'accès soit complètement boueux.

La vue du sourire de Tomoko confirme que "daïjobu, ça marche !", le sable tient assez et il arrête les flèches avant le mur :

 

 

Vue de coté pour estimer l'épaisseur au niveau de la cible:

 

Et vue de plus loin, avec la plaque tassante qui permet d'éviter que la terre du sol ne se mélange au sable qui descend petit à petit.

 

 

Comme c'est le déluge et qu'avec les travaux il y a de la boue partout, il faut penser à racler par-ci par-là pour faire les caniveaux..., mais en Suisse, la raclette, ça nous connaît.

Le tamisage du sable a passablement réduit la quantité initiale (40% de perte), il faut donc que l'entreprise se réapprovisionne en sable brut et repasse au tamis. Et surtout il va falloir attendre que le terrain sèche, sinon la livraison devra se faire en sous-marin. Mais qu'importe, les gros problèmes relatifs aux travaux sont passés, la seule question qui va nous rester pour quelques semaines ou mois, est:  "mais est-ce que ça tient ?!!!".

Venez essayer, vous verrez bien !!

 

Ben tiens, des martiens sont passés et on décidé de copier notre création locale.
Il nous ont fait parvenir une photo de chez eux:

 

Et ce 8 mars, mère nature nous fait le plaisir d'habiller de blanc la terre battue...

Votre azuchi vous le voulez en noir & blanc ou en couleur ?

 

Voici la photo du bonheur pour le 1er mai, un brin d'azuchi dans un écrin de verdure...

 

Bientôt la suite du reportage avec les détails du système automatique pour l'arrosage de la butte de sable (qui tient encore !!).